« Les NCP ont le recul pour donner une première évaluation, conseiller et apporter des ajustements. »

Jean-Luc Gala sur le devant de la scène européenne

Le NCP Wallonie met régulièrement à l’honneur un acteur wallon de la recherche et l’innovation. Rencontre avec Jean Luc Gala, chef de clinique au sein des Cliniques universitaires Saint-Luc et professeur à l’UCLouvain.

Médecin militaire de formation, Jean-Luc Gala fait ses premières armes dans les programmes européens avec le projet Bio3R dès 2007. À la suite des attentats du World Trade Center[i], les états se sont engagés de plus en plus dans des projets « défense » contre les risques et menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN[ii]). L’objectif de Bior3R était de se préparer en cas d’attaque biologique.

En 2009, il développe le laboratoire de diagnostic mobile nommé B-LIFE (Biological Light Fieldable Laboratory for Emergencies) qui a la particularité d’être rapidement déployable sur le terrain lors d’une crise sanitaire majeure (pandémie ou attaque biologique). Le laboratoire mobile a notamment fait ses preuves en Guinée en 2014 lors de l’épidémie d’Ebola et du Covid-19 au Piémont en Italie.

5 projets européens en cours
Actif depuis plus de 15 ans dans les projets R&D européens, Jean-Luc Gala est actuellement impliqué dans 5 projets, dont 2 qu’il coordonne.

À la suite de la crise du Covid-19, certains projets financés par l’UE ont vu le jour. Cordial-S et PANDEM-2 en font partie. Jean-Luc Gala et son équipe d’experts ont rejoint la région du Piémont durant l’été 2020 pour cartographier les personnes qui ont développé des anticorps face au coronavirus.

« Nous avons été sollicités pour installer le laboratoire mobile et faire du screening de masse. Plus de 6000 personnes ont été testées sous tente en quelques semaines dans cette région particulièrement touchée, un exploit pour une petite unité telle que la nôtre ! » s’enthousiasme-t-il.

PANDEM-2 (Pandemic Preparedness and Response), venu s’ajouter à la liste des projets en cours, est la continuité de Pandem-1 (2014). « L’épidémie causée par le virus SARS-Cov-2 s’est déclarée avant la sélection du projet, qui était lui-même une continuité de PANDEM-1. En raison de cette pandémie, et à la demande de la Commission européenne, nous avons réorienté les objectifs initiaux du projet PANDEM-2.»

Ce dernier vise à mettre en place un tableau de bord intégrant des données épidémiologiques, cliniques de laboratoire collectées en cours de pandémies dont celles du SARS-CoV-2. Cette collecte facilitera la gestion des données et des sources d’information ainsi que leur accessibilité au sein des états membres européens.

En parallèle, CorDial-S a pour objectif de développer un système de détection du SARS-COV 2 dans la salive. Jean-Luc Gala et son unité ont prêté leur expertise acquise dans la gestion des données patients. Un prototype de base de données existait déjà et avait été testé sur le terrain pendant la crise sanitaire. L’invitation à rejoindre Cordial-S tombait sous le sens.

« Dans les projets européens de recherche, nous valorisons notre expertise du laboratoire mobile, des technologies rapidement déployables. »

Depuis 2017, Jean-Luc Gala assure la coordination de deux autres projets du programme Horizon2020 : eNOTICE et ENCIRCLE.

eNOTICE (European Network Of CBRN TraIning CEnters) est un réseau de centres de formation et d’entrainement à la gestion des risques CBRN destiné aux primo-intervenants (médecins, infirmiers, pompiers, policiers, militaires…).

Le projet ENCIRCLE (European Cbrn Innovation for the maRket Cluster) vise, quant à lui, à créer une communauté entre les praticiens CBRN et le secteur technologique européen (PMEs, industries de pointe) pour faciliter le développement et l’accès au marché de nouveaux produits de sécurité alignés aux besoins du terrain.

Coordinateur ou partenaire ?
En fonction de la spécificité des appels, Jean-Luc Gala est confronté à deux possibilités. Premièrement, prendre la main sur le consortium et proposer à certains partenaires de l’intégrer. Dans son cas, il prend les rênes du projet et occupe la place de rédacteur (ex. : Le projet MIRACLE porte sur le développement des laboratoires mobiles).

Dans le second cas de figure, il est invité par un partenaire à rejoindre le consortium où chacun peut faire valoir certaines compétences. « Sur Cordial-S, nous avons cette expertise de gestion de données de masse qui a été réfléchie lors de la crise Ebola où de nombreuses erreurs dans l’enregistrement des patients ont été identifiées et corrigées par la suite. » indique-t-il.

Élargir son réseau à l’international
Jean-Luc Gala met en évidence les avantages à booster et à nouer des partenariats internationaux. Intégrer un réseau européen, c’est collaborer avec des leaders d’un secteur et aussi partager des opinions et des expertises. « Quand on est membre d’un réseau européen, l’acquisition des connaissances est exponentielle, son partage est extrêmement utile et fructueux pour tous les participants ! »

Il souligne aussi l’importance du facteur humain : « Nous avons maintenant un réseau de partenaires qui comme nous, sont impliqués dans le domaine de la sécurité. Au bout de 15 ans, ça devient comme une famille, nous nous connaissons tous très bien. »

De plus, il ajoute qu’un climat de confiance s’instaure avec les différents intervenants. « C’est extrêmement précieux lorsqu’on a une question de recherche, car faire partie d’un réseau européen nous donne accès à des compétences que l’on ne possède pas au départ et cela nous permet d’être encore plus performant ! »

Enfin, il encourage ses confrères à prendre part à des projets R&D et à décrocher des aides financières autres que régionales. Accéder à des fonds européens donne cette dimension internationale et permet des développements plus ambitieux.

Les facteurs de réussite
Jean-Luc Gala déclare que le choix des partenaires est le point clé pour accéder à des subsides européens. Trouver les bons partenaires au bon moment et se faire accompagner par le NCP Wallonie est « indispensable ». Pour mener vers un projet gagnant, le NCP Wallonie peut fournir une aide précieuse dans la relecture du projet et donner un avis neutre sur la lisibilité et la cohérence du contenu.

« Ce n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre l’utile, le nécessaire et le superflu lors de la rédaction. Les NCP ont le recul pour donner une première évaluation, conseiller et apporter des ajustements. Dialoguer de façon permanente avec eux permet d’améliorer considérablement la qualité finale du projet … et d’augmenter ses chances d’être sélectionné ! » conclut-il.

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