« Petit » centre de recherche de 52 personnes établi dans le pays de Herve, Celabor a réussi à se faufiler dans 9 projets du vaste programme-cadre Horizon 2020. Pourquoi et comment? C’est ce que nous explique Yves Houet.
« Petit » centre de recherche de 52 personnes établi dans le pays de Herve, Celabor est aujourd’hui une vraie pépite. Le centre dirigé par Yves Houet figure en bonne place dans les carnets d’adresses des « key players » européens. Depuis 2016, Celabor a réussi à se faufiler dans 9 projets du vaste programme-cadre Horizon 2020. Pourquoi et comment ? C’est ce que nous explique Yves Houet.
Rappelons que Celabor est un centre de recherche agréé wallon essentiellement porté par les forces vives locales. En 2016, ses équipes de chercheurs ont défini une nouvelle stratégie d’entreprise. À l’ordre du jour figurait la recherche proactive de fonds européens. Pour quelles raisons ? L’objectif premier est d’accroitre les compétences et les connaissances afin de mieux servir les clients locaux.
Comme des sportifs avides de monter à l’international
Mais aussi, appelons un chat un chat, pour des raisons financières.
« J’ai 47 scientifiques sur une équipe de 52 personnes, et un budget annuel de quelques millions d’euros. Si je ne capte pas de financements européens, j’aurai des soucis et nous devrions renoncer à une part de nos ambitions », résume Yves Houet, qui évoque aussi un certain goût pour le challenge. « À l’instar de bons sportifs, nous avions envie de monter à l’international. »
Première décision : recruter des personnes intéressées par ce challenge.
« J’ai eu la chance de tomber sur des personnes qui ont directement mordu dans cette opportunité. Ils et elles avaient déjà beaucoup bougé et connaissaient l’international. Ce sont des gens brillants, mais humbles, dotés de grande qualité humaine, notamment l’enthousiasme et le sens du contact. Un point très important pour le réseautage. »
Réseautage, le mot est lâché. Pour rappel, les projets européens rassemblent obligatoirement des partenaires issus de plusieurs pays. « Au début, nous étions peu connus et donc nous avons joué le ‘bouche-trou’ de certains consortia en valorisant notre excellence et nos spécificités, mais aujourd’hui, nous sommes devenus crédibles et beaucoup plus visibles ! ».
Mais avant d’explorer les réseaux, les équipes du Celabor effectuent un important travail en amont. « Nous lisons minutieusement tous les appels à projets, nous les épluchons et listons les ‘topics’ qui correspondent à nos compétences. On vérifie que c’est dans notre core business. Sur Horizon 2020, nous avons ainsi déposé beaucoup de projets dans le domaine du bio-basé. »
Le réseau ne « tombe pas du camion »
Une fois ce travail de préparation effectué, vient le temps du réseautage.
Objectif ? Trouver les « key players » – les grands acteurs que l’on retrouve systématiquement aux commandes des projets – et s’immiscer dans des consortia sérieux et professionnels.
« Le réseau ne tombe pas du camion, c’est aussi tout un travail. C’est comme à la chambre de commerce locale : si je ne vais jamais à leurs événements, je ne connais pas les gens et je n’ai rien à leur dire ; par contre si je fais l’effort d’y aller régulièrement, je retrouve des connaissances, et de proche en proche nous faisons du business ensemble ! »
Les trois premières années, cinq projets de Celabor ont été acceptés, sur dix-huit soumis. Soit un taux de succès proche des 30% ! Tous les projets ont été rentrés dans le cadre des appels à projets annuels du Bio-Based Industries (BBI), qui collent parfaitement au business de Celabor.
À partir de 2019, les taux de succès ont été moindres, mais Yves Huet confirme l’intérêt de déposer des projets. « Les projets non retenus, ce n’est pas du temps perdu, loin de là. La démarche sert le business, elle oblige de réfléchir au modèle, de le documenter, de valider sa pertinence. Et puis, on reçoit toujours un feedback des évaluateurs, cela permet de rebondir sur autre chose, voire d’intégrer un autre projet, etc. »
Engranger de l’expérience… grâce à l’Europe
Avec « Barbara », qui a pris fin en décembre 2020, Celabor a l’expérience d’un premier projet clôturé. « Barbara vise à produire du plastique à partir de déchets agroalimentaires. Cette prouesse est surtout destinée au secteur automobile. Elle nous a permis d’engranger du know-how au niveau des pigments, et maintenant nous commençons à proposer cette nouvelle technologie aux industriels de la région. »
Un autre projet coup de cœur de Celabor est Excornseed, un programme qui s’étend jusque fin 2022 et qui valorise l’expertise de Celabor en extraction de protéines du maïs. « Nous y tenons le rôle de coordinateur scientifique et de ce fait, nous devenons un des leaders de ce domaine en Wallonie. Nous engrangeons de l’expérience, en ligne directe avec les industriels qui exploiteront les procédés développés. »
Quels conseils ?
Pour terminer cette petite discussion avec Yves Houet, voici une synthèse de quelques recommandations exprimées :
1.) Pour faire de la recherche au niveau européen, faites-le dans votre domaine de compétence et dans des projets qui collent à votre « core business » et votre stratégie d’entreprise.
2.) Faites-vous accompagner pour bien comprendre le mécanisme des appels à projets. Pour un acteur de taille modeste, aller à l’Europe sans le NCP Wallonie est très compliqué ! Cette équipe est devenue incontournable, surtout pour la recherche de partenaires.
3.) Épluchez les appels à projets et investissez dans le réseautage, ça prend du temps, mais ça finit toujours par payer !
Si vous aussi, à l’instar de Celabor, vous souhaitez rejoindre l’aventure européenne, n’hésitez pas à contacter le NCP Wallonie au 010/48 50 39 ou via contact@ncpwallonie.be!
Avec le lancement du nouveau programme Horizon Europe (période 2021-2027), beaucoup de nouveaux appels sont prévus en 2021.
Les métiers de Celabor
Installé au cœur de l’Euregio Meuse-Rhin, à proximité de Herve et Verviers, Celabor assure un support scientifique et technique aux entreprises dans les domaines de la bioéconomie : agroalimentaire (Food), valorisation de la biomasse (Extracts), emballage, alternatives biosourcées, papier/carton, textile (Materials) et de l’environnement (Environment). Celabor est constitué d’une équipe pluridisciplinaire 52 personnes, dont 47 scientifiques.