Elio Tuci, (naXys, Institut Namurois des Systèmes Complexes, et professeur à la faculté d’informatique à l’UNamur) est un habitué des projets européens. Son dernier projet, intitulé BABots, (l’acronyme de Biological Animal roBots), a été récompensé par le prestigieux EIC Pathfinder Open du Conseil européen de l’innovation qui soutient l’exploration d’idées audacieuses pour des technologies radicalement nouvelles et des collaborations scientifiques de pointe et interdisciplinaires.
Le projet européen BABots, dont Elio Tuci est le coordinateur, a des allures de scénario de film de science-fiction.
BABots vise à modifier génétiquement des vers, les « C. elegans », pour leur faire accomplir des tâches prédéfinies en adoptant des comportements collectifs nouveaux et spécifiques.
Le scientifique que nous avons rencontré dans son bureau à l’UNamur nous détaille la raison pour laquelle ce ver, en particulier, a été choisi : « La raison pour laquelle on utilise les vers « C. Elegans », c’est parce que c’est un animal qui a un système nerveux central assez simple, qui est caractérisé par plus ou moins 300 neurones, et l’autre caractéristique très importante concernant ce ver, c’est qu’on connait toutes les connections entre les neurones. Donc, on a une carte détaillée de la manière dont les neurones sont connectés et comment modifier cette carte grâce à des modifications génétiques. De plus, ce ver est minuscule. Il mesure 1 millimètre. »
Pour que les modifications génétiques viennent en aide à la science
Pour ce scientifique aux multiples casquettes qui a obtenu un doctorat à l’Université du Sussex pour son étude sur les modèles robotiques appliqués aux comportements d’apprentissage, cette technologie est pleine de promesses. « L’ambition poursuivie par BABots, c’est qu’au lieu de travailler avec un robot mécanique classique, on travaille avec un ver, donc un animal. La reprogrammation du comportement est donc réalisée via modification génétique. »
Avec quelles applications?
Cette modification des comportements du ver pourra permettre à l’animal d’exécuter des tâches utiles pour l’humain. Et le scientifique d’imaginer les multiples applications potentielles : « Ce ver pourrait aider les humains à protéger les cultures contre l’invasion d’agents pathogènes, à éliminer les contaminants du sol ou de l’eau, ou à pénétrer dans le corps humain et animal pour effectuer certaines procédures cliniques et éviter des interventions chirurgicales invasives. »
Et quid au niveau de l’éthique ?
Qui dit modification génétique implique naturellement des questions éthiques. Et Elio Tuci d’évoquer ce sujet avec le NCP Wallonie : « C’est clair que dans ce projet BABots, il y a de grandes questions éthiques, avec le fait qu’on utilise des vers qui sont génétiquement modifiés. L’objectif poursuivi par cette modification génétique, c’est vraiment de développer une technologie et d’avancer dans les connaissances scientifiques de cette technologie. On a passé plusieurs contrôles éthiques et on a développé un plan très solide qui nous permet de dire qu’il n’y a aucune probabilité que les vers reprennent le contrôle et s’échappent un jour des laboratoires ». Et de conclure: « A ce niveau-là, le projet est très sûr ».
Le NCP Wallonie félicite Elio Tuci et son équipe interdisciplinaire !
Article rédigé par J. Lecluse, Senior Communication Officer du NCP Wallonie