Une start-up wallonne ambitionne de cerner un problème de santé publique majeur
L’année 2022 se clôture en beauté pour Vésale Bioscience ! Il décroche un financement EIC Accelerator !
Début janvier, le NCP Wallonie a rencontré Johan Quintens, Chief Scientific Officer, à Vésale Bioscience qui a obtenu un financement du Conseil européen de l’innovation (EIC) « EIC Accelerator », dans le cadre de ses activités de Recherche et Innovation pour identifier des solutions et traitements contre les infections bactériennes multi-résistantes au moyen de la phagothérapie et des bactériophages.
Les bactéries multi-résistantes, un « tueur silencieux » devenu un problème de santé publique majeur
Il y a 5 ans, le groupe Vésale a décidé de créer une start-up pour lutter contre les infections multi-résistantes aux antibiotiques à l’aide des bactériophages. Cette entreprise a été baptisée Vésale Bioscience. « Si cette start-up wallonne a été mise sur pied, c’est parce que la multi-résistance aux antibiotiques est un vrai problème de santé publique », nous confie d’emblée Johan Quintens. Et de nous détailler les projections inquiétantes de l’OMS (Organisme Mondial de la Santé): « Il existe de plus en plus de bactéries multi-résistantes à quasi tous les antibiotiques qui ont été inventés ou découverts. On en parle peu dans les médias, mais ce sont des tueurs silencieux. Aujourd’hui, il y a déjà plus de 1,5 million de personnes dans le monde qui meurent chaque année d’infections qu’on ne peut plus traiter. On sait déjà que ces 5 dernières années, ce chiffre a doublé. Il y a 5 ans, c’était encore 700.000 morts et maintenant, on parle de 1,5 million. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a estimé qu’en 2050, plus de 10 millions de patients vont mourir de ces infections non-traitables. »
Pour mettre ces estimations en perspective, les bactéries multi-résistantes feront plus de morts que le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Johan Quintens précise : « En effet, comme cela évolue aujourd’hui, cela va devenir la 1ère cause de décès. C’est un vrai défi et un vrai grand challenge pour la santé humaine. »
La phagothérapie, une arme de défense oubliée?
Les scientifiques de Vésale Bioscience ont décidé de s’attaquer à ce chantier et de reprendre les travaux de phagothérapie. Étudiée pour la première fois en 1915, la phagothérapie a été mise de côté à cause de la découverte des antibiotiques. Mais les bactéries sont devenues de plus en plus résistantes aux traitements antibiotiques, la phagothérapie, longtemps délaissée a donc effectué son grand retour des décennies plus tard. « Il faut vraiment développer la phagothérapie (ou en long la thérapie bactériophage) pour lutter contre ces infections non-traitables parce qu’il faut vraiment avoir quelque chose de différent que les antibiotiques pour traiter ces cas-là », insiste le CSO de Vésale Bioscience.
Mais concrètement, en quoi consiste l’action de ces bactériophages ? « Comme leurs noms l’indiquent. Les bactériophages, ce sont des petits organismes (phages) qui vont parasiter sur des bactéries et les tuer (ndlr: ils sont les ennemis naturels des bactéries), mais uniquement sur certaines bactéries parce qu’ils sont très sélectifs. Munis d’un spectre très étroit, ils ne vont tuer que ces bactéries ciblées pour lesquelles ils ont été élaborés », nous détaille Johan Quintens.
De plus, les bactéries infectées par les phages éclateront et libéreront de nouveaux bactériophages, qui à leur tour peuvent infecter d’autres bactéries, et redémarrer le processus.
Un partenariat important avec la Défense
La start-up wallonne Vésale Bioscience travaille étroitement sur la thérapie des phages avec le cabinet de la Défense, et plus spécifiquement avec l’Hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek, connu pour être l’hôpital des grands brûlés. « Ces grandes brûlures sur des surfaces importantes de peau ont tendance à développer des surinfections avec des bactéries du genre pseudomonas, d’où l’importance de ce partenariat conclu avec la Défense, pour traiter ces infections et pouvoir ensuite appliquer nos soins développés au sein de l’armée jusqu’au civil ». Jusque là, l’identification des bactéries infectieuses prenait plusieurs jours. Mais grâce à son Inteliphage®, un phagogramme automatisé, Vésale Bioscience peut identifier en seulement 3, 4 heures les bactéries à l’origine de l’infection et proposer rapidement des phages avec un spectre adapté pour les anéantir.
L’EIC Accelerator, une « opportunité attrayante »
Lors d’une session d’information du SPW recherche, les dirigeants de Vésale Bioscience ont pris connaissance des opportunités existantes et notamment de l’EIC Accelerator.
« On a fait connaissance avec l’EIC Accelerator lors d’une réunion organisée par la Région wallonne. Là, on a discuté avec de précédents lauréats de l’EIC Accelerator. On a trouvé cette formule très attrayante. Nous avons pris nos renseignements et nous avons pris contact avec des gens qui pouvaient nous aider à monter ce projet. Nous étions très heureux de nous d’être sélectionné directement pour le « Full proposal ». Et après deux tentatives, c’était bon! », se félicite le scientifique qui ne cache pas que le processus de sélection a été long et laborieux, mais que le jeu en valait la chandelle…
La start-up, couronnée par ce succès, va pouvoir poursuivre ses activités avec sérénité.
Si vous aussi, vous souhaitez obtenir des informations sur les différents financements européens, ne ratez pas la prochaine session d’information, organisée ce 9 février 2023, aux Moulins de Beez.
Si vous aussi, vous souhaitez obtenir des informations sur le EIC Accelerator, n’hesitez pas à contacter notre conseillère Valentina Albarani.