Cenaero est un centre de recherche appliquée agréé par la Région wallonne qui fournit aux entreprises engagées dans un processus d’innovation technologique des méthodes et des outils de simulation et modélisation numérique pour inventer et concevoir des produits plus compétitifs. Reconnu au niveau international, Cenaero est principalement actif dans les domaines de l’aéronautique, du spatial, des procédés de fabrication, ainsi que des bâtiments et des villes intelligentes.
A l’occasion des 20 ans de Cenaero célébrés en 2022 et de l’inauguration du super-calculateur Tier-1 wallon Lucia opéré par Cenaero au service de l’écosystème wallon, le NCP Wallonie tient à mettre à l’honneur la Success Story de ce centre privé situé à Gosselies, dont le développement est étroitement lié à l’obtention de projets européens. Dans ce contexte, le Docteur Ingrid Lepot, Technology Programs Manager chez Cenaero, est revenue sur certaines grandes étapes qui ont permis à cette structure de gagner en notoriété et de prospérer. “Nous nous inscrivons pleinement dans la stratégie de spécialisation intelligente de la Wallonie », nous décrit d’emblée Ingrid Lepot.
Diversification et “cross-fertilisation”
Et de mettre en avant l’incroyable diversification du centre hennuyer.
« Jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’on peut dire qu’on a toujours de l’ordre de 80% à 85% d’activités dans l’aéronautique et le spatial, mais nous avons déjà toute une série de succès en termes de diversification dans les secteurs du ferroviaire, du nucléaire et plus généralement de l’énergie, du bâtiment, et même du pharmaceutique. Nous avons vraiment la volonté de continuer à pousser cette cross-fertilisation et de mettre les compétences numériques que nous développons au service de différents secteurs. »
La notion de « cross-fertilisation » ou fertilisation a vu le jour au début des années 2000 et est l’action d’enrichir ses connaissances par interactions avec d’autres champs de disciplines et de réflexion.
En d’autres termes, il s’agit de croiser les retours d’expérience, de mutualiser les compétences dans différents domaines et de mettre à profit les connaissances en les transposant et en les adaptant d’un secteur à un autre.
A la pointe de l’hybridation entre la simulation numérique et l’intelligence artificielle, Cenaero tient à rester la référence en Wallonie pour ses nombreux partenaires de recherche et clients. « Essentiellement, nous développons des modèles numériques grâce à la simulation et l’intelligence artificielle pour et avec nos partenaires industriels afin de répondre à leurs besoins, souvent multidisciplinaires. Certains de ces modèles vont pouvoir s’exécuter sur un laptop, d’autres nécessitent la puissance d’un supercalculateur tel que Lucia. Nous sommes vraiment là pour les aider à concevoir de manière optimisée et fabriquer « bon du premier coup » leurs produits, en exploitant matériaux et procédés avancés. Les modèles numériques, tout à fait complémentaires d’essais physiques, permettent d’offrir d’incroyables capacités de compréhension de la physique et de la performance du produit tout au long de son cycle de vie mais aussi de maîtriser ses procédés de fabrication ; les modèles numériques sont également indispensables pour concevoir des essais les plus représentatifs possible.», insiste la Technology Programs Manager.
Le centre de recherche emploie plus de 85 collaborateurs dont aujourd’hui 17 sont issus de l’industrie aéronautique dans le cadre du Projet d’Innovation Technologique WINGS (Walloon Innovations for Green Skies) . Le centre wallon dispose également d’une filiale en France. Pour mener à bien ses missions, Cenaero ne bénéficie pas de financements structurels.
« Aujourd’hui, notre modèle économique pour faire vivre cette entreprise s’articule sur deux piliers », développe le docteur. « D’une part la participation dans des projets collaboratifs, dont notamment les projets européens et régionaux. Et d’autre part, les contrats directs à l’industrie. Nous allons chercher tous nos projets dans le cadre d’appels compétitifs », complète notre interlocutrice.
Et d’insister sur l’importance de décrocher des financements européens et de devenir une référence sur la scène internationale. « Les projets européens sont vraiment des vecteurs essentiels pour nous, pour le développement et la démonstration de nos technologies. »
Ingrid Lepot se souvient d’ailleurs d’un des premiers projets qui a permis à Cenaero d’ambitionner de dépasser ses frontières. « Nous avions à peine 3 ans quand nous avons eu l’occasion de participer au programme DREAM du 7ème programme cadre et dans ce projet, nous avions vraiment carte blanche pour proposer et puis démontrer des méthodologies innovantes de conception optimisée aéro-méca-accoustique d’hélices contra-rotatives pour Snecma moteurs. Le challenge au niveau de la réduction du bruit tonal de cette configuration était énorme. Dans le contexte de ce projet européen, nous avons eu beaucoup de liberté. Nous en avons fait bon usage, cela a mené au dépôt de brevets conjoints et finalement cela a donné naissance à une coopération de plus de 15 ans, qui se poursuit toujours avec Safran Aircraft Engines sur le sujet, en contrats directs, dans les programmes Clean Sky I et II, et aujourd’hui dans Clean Avation. Cela a donc créé énormément de valeur. Ce projet est un exemple parmi d’autres qui illustre à quel point les projets européens sont des vecteurs et marqueurs essentiels en termes d’excellence technologique. »
Continuer à participer à des projets européens est inscrit dans la stratégie de ce centre de recherche. « Participer aux projets européens devient de plus en plus difficile pour les petites structures et les appels sont de plus en plus compétitifs. Malgré ce contexte, il est crucial pour Cenaero de continuer à être présent et se renouveler dans ces projets, c’est essentiel en termes de visibilité technologique, tant pour les acteurs de la recherche que pour les entreprises.»
Au premier appel digital du nouveau programme cadre Horizon Europe, Cenaero s’est distingué et a remporté un appel à projets très compétitif avec le projet DIDEAROT monté à 4 mains avec la Sonaca dans le cadre de WINGS. « Nous l’avons coordonné avec 8 partenaires européens », détaille Ingrid Lepot, visiblement ravie.
Et de conclure : « Nous avons beaucoup de richesses au niveau de la Wallonie à faire valoir et unis, nous serons encore plus forts. Il est particulièrement important d’entretenir un réseau de partenaires éventuels, ce que nous faisons. Le NCP Wallonie peut également nous aider à nous connecter. »
Et Cenaero ne compte pas en rester là. Le centre de recherche est d’ailleurs monté à bord du projet Clean Aviation OFELIA, coordonné par Safran Aircraft Engines et dédié à l’Open Fan, et il espère décrocher de nouveaux succès européens dès le début de l’année 2024. Le NCP Wallonie vous informera bien évidemment sur ses nouveaux développements.