Un acteur wallon de la recherche et l’innovation est mis régulièrement à l’honneur par le NCP Walloni
Ce mois-ci, nous mettons en lumière l’entreprise de construction aéronautique, Sonaca. Sur le projet européen TIOC-Wing, Sonaca a endossé le rôle de coordinateur et rédacteur, une expérience nouvelle pour l’entreprise carolo.
Porteurs du projet TIOC-Wing, Etienne Maillard, ingénieur en Méthodes Numériques et Michel Willemssens, Business Developper, nous ont partagé leur parcours à l’Europe avec beaucoup d’enthousiasme !
TIOC-Wing sous la supervision de Dassault
Financé par l’UE à hauteur de 1,5 million d’euros sur deux ans, TIOC-Wing a démarré en juillet 2020 et s’inscrit dans le programme Cleansky, à l’initiative de l’avionneur européen, Dassault.
TIOC-Wing est un challenge à la fois technique et économique, car il répond à une problématique très spécifique rencontrée par l’avionneur lui-même. Ce projet a pour objectif principal de développer des critères de validation et une méthodologie d’essais virtuels qui permettront de prédire la résistance d’un panneau d’aile soumis à l’impact de débris de pneus.
L’ensemble de ces recherches découle de l’accident du Concorde survenu en juillet 2000. Une lame métallique en titane provenant d’un autre avion avait percuté le pneu avant droit de l’avion.
Sur TIOC-Wing, deux acteurs majeurs ont rejoint le consortium, DGA Techniques aéronautiques (DGA TA) et le centre de recherche CENAERO. DGA TA apporte son expertise dans la partie expérimentale « impact du pneu » ainsi que dans la modélisation numérique. CENAERO, quant à lui, contribue grandement à la réalisation des simulations numériques.
« Les moyens numériques sont là aujourd’hui dans nos chaines de calculs pour nous accompagner à faire les bons choix de matériaux et aller vers les produits les plus légers », souligne Etienne Maillard.
La chaine de développement d’un avion peut durer plusieurs années avec des essais coûteux pour l’entreprise et une perte de temps considérable. Une fois bien validée et sécurisée, la simulation numérique peut remplacer les essais physiques, ce qui permet un gain de temps et d’argent. La feuille de route européenne aéronautique 2050 prévoit d’ailleurs de remplacer progressivement les essais physiques par la simulation numérique.
« Il n’existe pas aujourd’hui sur étagère une solution qui fonctionne. Si nous arrivons à mettre en place des méthodologies de calculs, ce sera un fameux pas en avant pour nous, mais aussi pour l’avionneur. Ça impacte indirectement le secteur ! »
Quand « la persévérance paie » …
Sonaca est loin d’être novice en matière de projets européens puisqu’ils ont acquis un bagage progressivement en prenant part à différents projets collaboratifs. Ils ont cette volonté depuis un certain nombre d’années de développer une approche de simulation numérique des impacts de débris sur la structure de l’avion.
Dans le cadre du FP7 et H2020, une proposition de projet avait été déposée à deux reprises, mais n’avait pas reçu une cote suffisante pour être financé.
Lors de la première soumission, les 10 partenaires s’étaient mobilisés autour d’un objectif commun : construire le projet autour de critères de validation sur des éléments de structure d’avion. Tout était réuni pour présenter un projet très compétitif et gagnant ! Un travail rédactionnel conséquent avait d’ailleurs été réalisé dans la partie « objectifs » et « impacts ».
En 2019, la troisième tentative sera la bonne, un nouvel appel plus ciblé se présentera.
« Il ne faut pas rester sur un échec. Nous avons amélioré, peaufiné et adapté le projet au nouveau call ! », souligne Michel Willemssens.
« Tout ce qui a été entrepris doit être capitalisé et resservira pour le montage des projets suivants. La persévérance paie ! C’est gagner en expérience et rebondir de ses erreurs. Quand l’opportunité se présente à nouveau, il faut y aller ! », poursuit Etienne Maillard
Un soutien et un encadrement important du NCP Wallonie
Quand Michel Willemsens a pris ses nouvelles fonctions au sein du département commercial de Sonaca en 2014, l’équipe de Sonaca Engineering Services cherchait à renforcer ses efforts sur la recherche de financements européens de R&D.
« Je me suis intéressé aux appels d’offre Cleansky, on a cherché à se rapprocher de sociétés que l’on connaissait et qui avaient plus d’expérience dans le domaine pour former des partenariats », épingle Michel Willemssens.
Sonaca a fait appel au NCP Wallonie qui a joué un rôle de premier plan sur le projet TIOC-Wing.
« J’ai eu des discussions très constructives avec le NCP Wallonie, explique Etienne Maillard. Ils ont un regard externe et une vue hélicoptère très précieux. Dans le montage du projet, ils nous ont soutenus notamment dans la rédaction de la partie « impact ». L’aide du NCP Wallonie est vraiment fondamentale pour bien se structurer et avoir un fil conducteur dans tous les chapitres. »
« Les facteurs clés du succès d’un projet ? La qualité du concept initial et des partenaires. C’est travailler main dans la main avec le coordinateur pour bien le structurer conformément aux standards de rédaction attendus par la Commission. Certaines parties du projet ont été réécrites et améliorées à plusieurs reprises. Sonaca peut être fier du travail accompli en tant que coordinateur et rédacteur ! » ajoute Pierre Fiasse du NCP Wallonie
Les projets européens et ses avantages
S’investir dans un projet européen en tant que coordinateur ou partenaire présente certains avantages ! « Au sein de Sonaca, nos ingénieurs peuvent être occupés sur des projets de recherche comme celui-ci et vont générer des technologies qui seront utilisées sur les prochains avions. Pour nous, c’est un atout non négligeable. » souligne Michel Willemssens
Prendre part à un projet européen, c’est également toucher d’autres marchés, se tisser un réseau de relations plus large, s’associer à des partenaires qui ont une expertise équivalente, mais c’est aussi, ouvrir le champ des possibles qui va bien au-delà des subsides wallons.
Puis, il y a cette reconnaissance en tant qu’acteur de projet ! « C’est intéressant, car on vient nous chercher pour des sujets auxquels on n’aurait pas du tout pensé ! » ajoute Etienne Maillard
Enfin, être coordinateur a révélé une nouvelle facette du métier particulièrement enrichissante pour Etienne Maillard. « Il y a la gestion d’une équipe : donner des objectifs, faire en sorte que l’équipe y réponde et soit motivée par le projet. Ces réunions qui sont périodiquement réalisées donnent les jalons du projet. C’est ce qui rend aussi notre travail passionnant ! »
Quelques conseils pour s’aventurer dans les projets européens
Michel Willemssens et Etienne Maillard ont livré quelques conseils destinés à ceux qui seraient tentés par l’aventure européenne.
« Il convient de bien s’informer, bien comprendre ce qui a été demandé dans l’appel et les résultats attendus. », souligne Michel Willemssens
« C’est tout l’écosystème autour du projet qui est important. Puis, le choix des partenaires est un point crucial ! Il faut instaurer une relation de confiance et sentir que ça va être du donnant-donnant. » ajoute Etienne Maillard
Merci à tous les deux pour ce retour d’expérience très chaleureux et positif !
Simulations d’impact de pneu sur volet hypersustentateur de voilure